Un pont sur la Uncanny valley

Par Christian Guillon

L’image calculée acquiert désormais un statut équivalent à celui de la prise de vues réelle. Les personnages principaux, ceux qui doivent provoquer l'empathie du spectateur, peuvent aussi, désormais, être incarnés par des images de synthèse, des modèles numériques animés par des acteurs devenus invisibles.

J’entends ici le mot animé au sens large, au propre comme au figuré.

C’est la preuve que l’image calculée, pour peu qu’elle soit nourrie par des enregistrements du réel, comme la motion capture, est capable de provoquer l’identification.

Pour le premier Avatar, J.Cameron a eu l’intelligence, au vu de l’état de l’art de l’époque, de faire en synthèse des personnages, certes humanoïdes, mais différents des humains, et pour lesquels nous n’avions pas de référence.

Un peu plus loin, pour Jurassic Park, S.Spielberg met en scène des dinosaures numériques, pour lesquels personne n'avait de référent autre que des dessins ou des squelettes. A l’époque, un projet reposant sur des chiens ou des tigres en CGI aurait été impossible. Quelques années plus tard, L’odyssée de Pi ou le Livre de la jungle montrent les incroyables progrès qu’ont fait les images de synthèse vers le photo réalisme.

La prochaine étape sera sans aucun doute un film où on aura atteint la fusion indétectable entre les personnages calculés et les personnages filmés, humains.

Le pont est construit au dessus de la « Uncanny valley », son inauguration est pour bientôt.